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Une centaine de chercheurs se succédant pendant huit heures pour exposer la liste des dangers liés à la surutilisation des écrans chez les jeunes, un Ministre de la santé paraissant dépassé par l’ampleur du phénomène, un Ministre délégué à la transition numérique bien placé pour comprendre la situation parce que son fils a vécu une dépendance aux jeux vidéo, un Ministre de l’éducation absent bien que concerné du fait de l’utilisation accrue des écrans en classe, une directrice générale d’un centre de traitement aux dépendances soulagée de voir qu’elle n’est plus seule dans son combat.

Alors qu’on est en train de sacrifier toute une génération d’enfants, notre ignorance coûte cher, comme le déplorait le député et Ministre délégué à la transition numérique Éric Caire. «La vérité, c’est que les parents ne sont pas outillés et ne connaissent pas cet univers-là,» parlant de la dépendance de son fils aux jeux vidéo.

Pendant que le gouvernement est en mode solution et doit proposer un plan d’action avant la fin de l’année face à cet enjeu majeur de société, celui-ci doit faire une réflexion sur la place qu’il accorde lui-même aux écrans dans le programme éducatif de nos enfants: tableaux blancs interactifs, devoirs en ligne, concentrations en sport électronique et même écrans géants dans les gymnases.

Une spécialiste du cerveau et du développement de l’enfant au CHU Sainte-Justine de Montréal a comparée l’approche actuelle face à l’utilisation des écrans à celle qui prévalait envers l’alcool et le tabac dans les années 1960, alors qu’on vantait leurs bons côtés dans des publicités, dont certaines mettaient en scène des professionnels de la santé.

Dans un entretien récent avec Michel Desmurget, directeur de recherche à l’Inserm en France et auteur de « La Fabrique du crétin digital », un livre qui fait la synthèse des travaux scientifiques sur les effets des écrans, celui-ci déclarait qu’on ne parlait pas beaucoup des diverses études sur les écrans car « les intérêts économiques étaient colossaux ! L’industrie du tabac a mis quarante ans avant de reconnaître que la cigarette était cancérigène. Nous sommes face aux mêmes techniques de désinformation et à un scandale sanitaire de même ampleur. Si n’importe quelle maladie avait les mêmes effets que les écrans sur nos enfants, on mobiliserait une armée de chercheurs.»

En attendant, il y a fort à faire pour sensibiliser les parents et les enfants aux effets négatifs associés à une surconsommation d’écrans.